Parlons d’abord, en Astronomie, de la conception originelle de l’Univers, fondée sur les apparences. Tout homme, naviguant sur la mer, loin des côtes, par beau temps, voit le ciel à l’horizontale, dans toutes les directions, et à la verticale. Il parle de “voûte céleste”, une sphère apparente sur laquelle, par nuit claire, se déplacent, ensemble, les étoiles “portées” par elle. Ce qui fut décrit par Aristote dans son “De Coelo”.

Quatre siècles plus tard, l’astronome Claude Ptolémée, dans son ouvrage “l’Almageste”, rendant compte de mesures de positions des planètes connues qu’il avait compilées, consacrait la théorie philosophique d’Aristote comme théorie scientifique, que l’on enseignait dans les Universités chrétiennes au Moyen-Age.

Cependant, au 3ème siècle avant Jésus Christ, Aristarque de Samos, adoptant lui aussi l’existence de la sphère des étoiles fixes, postulait que le soleil en était le centre.

Il y avait donc, du temps de la Grèce Antique et de Rome, deux écoles philosophiques, qui s’entendaient sur l’existence de cette sphère portant les étoiles fixes, mais s’opposaient sur l’astre qui en était le centre, soit la Terre, soit le soleil. Cette querelle allait ressurgir au sein de la chrétienté, au Moyen-Age.

Copernic, chanoine et astronome, s’interrogeant sur les orbites irrégulières que décrivent les planètes autour de la Terre, compléta les calculs des positions des planètes de Ptolémée et “démontra” qu’elles tournaient autour du soleil ; il leur attribua cependant, par ses calculs approximatifs de leur distance au soleil, des orbites circulaires que Kepler démontra bientôt être des ellipses dont le soleil était un foyer.

Copernic rendit compte de sa théorie dans l’ouvrage “De Revolutionibus orbium caelestium”, paru en 1543, qui fut adressé après sa mort, par son ami Osiander, au Pape Paul III.

Dans sa Préface, Copernic, appliquant à la Terre le statut d’une planète, affirma sans le prouver qu’elle tournait autour du soleil, et que, de ce fait, c’était le soleil qui était le centre du monde, citant Trismégiste qui appelait le soleil “dieu visible”. Le Pape Paul III et ses successeurs ne réagirent pas.

Tycho Brahé, astronome du roi du Danemark, effectua à cette époque de très nombreuses mesures en position et distance des planètes du système solaire, que Képler utilisera et complétera par l’étude particulière de Mars, ce qui l’amènera à formuler ses trois Lois dans “Astronomia Nova” et “Harmonices Mundi”. Tycho Brahé avait justement fait remarquer que la position apparente du soleil et des planètes, vue de la Terre, restait identique, que le soleil tournât autour de la Terre ou l’inverse. Mais la tentation de considérer la Terre comme une planète quelconque était trop forte et Képler adopta l’hypothèse de Copernic.

Survint alors Galilée. Ce dernier, enseignant à l’Université de Padoue et se persuadant de ses succès en astronomie, s’affirma haut et fort copernicien.

L’Eglise réagit alors par le décret de 1616, qui condamnait deux propositions coperniciennes :
a. Le soleil est le centre du monde, et
b. La Terre n’est pas le centre du monde et se meut.

Malgré cette condamnation, Galilée écrivit “Il Dialogo” qui le fera condamner en 1633, par le Saint-Office.
La première proposition de Galilée : “Le soleil est le centre du monde et il est absolument privé de mouvement local”, fut aussi condamnée par le Tribunal du Saint Office dans les termes suivants : “elle est absurde et fausse en philosophie et formellement hérétique comme contraire aux Saintes Ecritures”.
La seconde proposition : “La terre n’est pas le centre du monde et elle se meut non seulement dans l’espace mais encore de mouvement diurne sur elle-même”, fut aussi jugée “absurde et fausse en philosophie et (devant) être théologiquement considérée comme au moins erronée dans la foi”.

Galilée n’a pas démontré que le soleil était le centre du monde. Mais la condamnation de la seconde proposition, résulte de l’influence d’Aristote au sein de l’Eglise.

Cette condamnation créa des réactions chez les philosophes.

En premier lieu le “Discours de la Méthode” de Descartes (1637) qui, envisageant une mathématisation complète de la science, la fit reposer non plus sur les faits, mais d’abord sur les idées claires et distinctes, faisant de la raison la lumière naturelle, d’où la “philosophie des lumières”.

Cela ne sera pas sans conséquences sur les autres disciplines scientifiques, comme nous le verrons en géologie, car le rationalisme inverse le raisonnement scientifique, quand, au lieu de se fonder sur les faits observés et expérimentés desquels on induit des hypothèses, il privilégie les a priori de la raison comme bases : principes, postulats, lois…, et ne retient que les faits parfois mal interprétés qui les confortent.

Ainsi, de Descartes à Hegel, les rationalismes se développèrent, d’abord contre l’Eglise, Voltaire en est l’exemple, puis contre la monarchie, en France, où la Révolution engendre la terreur de Robespierre et les guerres de Napoléon.